Les marques soviétiques pour l'exportation

L'ami Svoboda me communique l'existence de cette Jules Delas embarquant un Poljot 3133 millésimé 3e trimestre 1988



J'ai cherché sans trouvé de lien entre Jules Delas et l'industrie horlogère soviétique.
Pire, toutes les jules Degas que j'ai vu étaient équipées de mouvements suisses, y compris dans la gamme des chronographes:



Alors?
Alors je ne sais pas.
Soit Jules Degas a vraiment emboité des Poljot, soit c'est quelqu'un a remplacé un Valjoux par un Poljot...

Une nouvelle marque: Barton W Exclusive.
Ces montres étaient produites à la Fabriques de Montres de Minsk et elles emboîtaient le L1656A à quartz
J'ai vu écrit que cette production datait de l'URSS mais il est permis d'en douter.

Je vois passer sur la baie cette Farina emboitant un Poljot 2609.

Je vous avais présenté l'histoire de la fabrique Thiel (voir ici). Lorsque les soviétiques la remettent à la RDA, elle prend le nom d'UMF Ruhla (UMF pour Uhren- und Maschinenfabriek, Ruhla pour la ville où était situé l'usine).


UMF Ruhla va produire ses propres mécanismes mais, pour ses montres de dames, elle va importer des mécanismes soviétiques.
Je viens d'acheter cette UMF emboîtant un Zaria 1800 (qui a pour tout marquage "MADE IN USSR"):


Elle vient d'arriver, je dois la décrasser et polir le verre.

Bon et bien je me suis acheté une Clometta, cette marque manquait à ma collection. Le mécanisme est un Slava 2414


Son fond n'est pas d'origine (il est marqué en russe et porte même le symbole de qualité de l'URSS alors qu'il devrait être en anglais comme d'habitude pour les modèle d'export). Peut-être même qu'il s'agit d'un réemboitage pur et simple.
Mais des Clometta ont bel été bien été emboîté dans des boitiers soviétiques, comme ici un Televizor (qui emboite comme de juste un Raketa).

Il se confirme donc que Clometta n'emboitait pas seulement à Pforzheim des mécanismes soviétiques, mais qu'elle importait aussi des montres complètes.

Au hasard de la baie, j'ai vu pour la première fois une Clipper à mécanisme soviétique.
Elle emboite un Zaria 2008B



Il semblait que ce soit une sous-marque de Ruhla (RDA)
En voici d'autres avec des mécanismes est-allemands:

Ils sont vraiment horribles ces mouvements.

Hanoi a écrit:

J'ai la même je crois, un truc tout léger..... Don de la famille qui a trouvé l'engin dans un tiroir et qui a appris ma nouvelle passion pour les montres et qui a décidé de m'en faire don....

Pascal54 a écrit:Ils sont vraiment horribles ces mouvements.

Je partage ton avis mais s'ils fonctionnent... ils permettent au peuple d'avoir de quoi consulter l'heure à peu de frais.

Pas plus mal que du quartz made in PRC.

Je découvre sur la baie une "nouvelle" marque: RADO





Elle embarque un Vostok 2209.
Et là je pense qu'il y a une analyse à faire.
Cette montre est terriblement éloignée de la qualité des Rado suisse (et elle n'en porte pas le logo)
Jugez plutôt:


Il semble inimaginable qu'il en aille de Rado comme de Clometta par exemple (voir ci-dessus): importer ces montres soviétiques pour les vendre sous sa marque.
Cette "Rado-Poljot" est donc une "fausse" Rado, une "Rado" vendue là où la marque n'était pas protégée, ou là ou les soviétiques se fichaient de la protection des marques, ou pour un client (du tiers-monde?) qui voulait bénéficier de la notoriété de la marque.

Cette hypothèse m'avait traversé l'esprit quand, sur la baie toujours, j'avais vu une Omax soviétique:



A comparer avec la finition des Omax suisses:

Et une nouvelle fois avec une autre typo et sans le logo de la marque suisse.

J'avais répertorié Omax en supposant une production soviétique sur commande de la marque suisse. Mais l'écart de qualité, l'absence de logo etc.) me font désormais pencher pour un abus de marque.
Je complète et corrige le post d'entrée.

L'ami Svoboda signale à mon attention cette Technica.
Marque inconnue au bataillon, 3602 Molnija des années '80 avec le boîtier estampé du motif de perdrix.


Merci Svobo

Je me suis acheté ce livre. 900 montres soviétiques photographiées pile et face avec leur mécanisme et leur cote.


Dedans je découvre une nouvelle marque d'export Santos Joannes
(ici une Poljot alarm 2612.1)


Plein de petits trucs utiles dans ce livre.
Je vous communiquerai ça au fil des posts

Hanoi, connais-tu la marque Record Standart ? Je ne suis pas sur que ca soit pour l'export, ni meme que ca soit entierement russe.

@ thewatchadude:
J'ai déjà croisé cette marque mais comme elle est post-soviétique, je n'ai jamais creusé la question.

Une nouvelle marque d'export pour les Molnija: Aurélie




Remarquez la mention "18 rubis" en français.

L'éternelle Molnija 3602 sous une marque de montres suisses: Trelawn


J'ai vu sur le net la version "locomotive" sous cette marque également.
Et à nouveau le "18 rubis" en français.

Confirmation pour les Gladstone:
Ici avec un Zaria 2009



Ici avec un Slava 1601

Eclaircissement définitif, preuve à l'appui, d'une question pendante depuis le post du 23 août: Jules Delas a bien emboîté en série des 3133 à la fin des années '80

La marque буран ("bourane",= tempête de neige) avait été adoptée par Vostok pour une série de montres à thématique polaire à la fin des années '80 et au tout début des années '90.
Cette gamme de montres "polaire" a fait l'objet d'une vague "d'hommage" et de faux purs et simples.

Cette même marque буран a été reprise après la fin de l'URSS par Poljot essentiellement pour des chronographes ou pour des montres genre pilote évoquant des chronographes.

Entre les deux, cette marque a été utilisée comme marque d'exportation.
Les design sont inspirés de modèles classiques de la fin 80/début 90 sans que je sache s'il s'agissait d'une commande (marque choisie par un importateur occidental) ou non (marque choisie par Vostok pour exporter).

En tout cas elles ont des fonds typiques export




Et pour cette KGB un packaging ciblant l'acheteur allemand (billet technique supplémentaire en allemand, pochette soignée marquée KGB...):



Le passeport date de mars 1991 et le mécanisme est un 2416B

Hanoi a écrit:Et pour cette KGB un packaging ciblant l'acheteur allemand (billet technique supplémentaire en allemand, pochette soignée marquée KGB...):

Spoiler:

J'ai toujours été surpris par ces mentions "KGB" qui doivent tout de même attirer les non-russes car les authentiques membres de cette ancienne institution se devaient de rester le plus discret possible. Mais à l'étranger et de nos jours, pourquoi pas...

Oui, c'était des modèles pour occidentaux, qui jouaient sur le soviexotisme et la gorbimania...

Une nouvelle pièce à verser au dossier des contrefaçons grossières de grandes marques: après la Rado et l'Omax de Tchistopol, voici une "Longines" de Petrodvorets...



Qui a pu fabriquer de telles horreurs en voulant duper qui?
Car l'accumulation des cas démontres qu'il a existé une petite industrie d'emboitage de ces horreurs.
La qualité des cadrans est tellement médiocre que les fabriques officielles doivent être innocentée.
Alors quoi?

Le cas sort du cadre des "marques soviétiques d'exportation", je faire faire un post dédié pour y accueillir vos réflexions et suggestions...

Voici ma nouvelle acquisition, une Ingersoll pour infirmière emboitant un Zaria Z2009

Elle porte écrit en petit à six heures: USSR MOVT

Ingersoll est un marque de légende: fondée en 1882 aux USA.
Elle a mis sur le marqué en 1896 une montre appelée "Yankee" fabriquée par la compagnie Waterbury et vendue à un dollar, inaugurant tout à la fois la production horlogère de masse et la montre abordable pour tout un chacun..
En 1910 la production annuelle était de 3.500.000 montres de ce type.
En 1922, lors de la récession suivant la grande guerre, Ingersoll fait faillite et est rachetée par Waterbury.
Cette société vend la branche anglaise à des investisseurs anglais (elle devient la Ingersoll Ltd), mais continue à utiliser la marque Ingersoll aux USA jusque dans les années '50. Dans les  les années '30, Waterbury vendra sous la marque Ingersoll la fameuse montre Mickey (dont les bras sont les aiguilles) ).
Par la suite, Waterbury deviendra TIMEX.
Après la seconde guerre mondiale, Ingersoll Ltd fusionne avec Smiths Industries Ltd et la branche horlogère de Vickers Armstrong dans la Anglo-Celtic Company Ltd.
Cette société fabriquera, entre 1946 et 1980, année de sa fermeture, plus de 30.000.000 de montres exportées dans 60 pays, sous les marques Ingersoll, Triumph ou Smith Empire.
La marque est rachetée en 1983 par un certain Steven Strauss qui la revend en 1989 à Zeon Ltd (qui est aujourd'hui filiale d'une société de Hong Kong, le Herald Group), qui commercialise des montres sous ce nom avec des mécanismes chinois.

La question est: ma montre est-elle encore une Ingersoll de l'Anglo-Celtic Ltd ou déjà une Ingertsoll de la Zeon Ltd?

Il y a plein d'article partout sur Ingersoll, mais vous trouverez une petite chronologie sympa: ici

Une Lindor Ancre emboîtant un Vostok 2605 sans marquage indiquant son origine

Un fil de WUS (voir ici) traite d'une "Michel René" qui annonce un "swiss movt" sur le cadran mais qui emboite un Poljot 2609.2N



Chascomm suppose charitablement que cette montre avait été conçue pour emboîter un mouvement suisse  bon marché (par exemple, un ES 95 à 17 rubis), mais l'assembleur avait besoin d'acheter certains mouvements soviétiques pour terminer la production après l'effondrement des fabricants suisses.
Autre hypothèse: l'abus de confiance pur et simple...

Michel René est une marque de Hong Kong, qui affiche parfois son origine:

On n'en finira jamais de découvrir des marques de Molnija 3602:




Mais ici il s'agit d'un emboitage: le boîtier n'est pas de chez Molnjia.

Voici une Oural, marque française ou soviétique de montres soviétiques à destination de la française