Chronographe Slava à rattrapante
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Chronographe Slava à rattrapante
Je me propose de vous faire une petite ( ) revue du sympathique chrono mentionné dans le titre.
En préambule, ma relation avec les chronographes est directement liée à mon métier et plus particulièrement aux observations astronomiques (je rappelle que je suis marin).
A l'heure du positionnement par satellites et de la navigation électronique, sortir le sextant de son coffret poussiéreux n'a plus trop lieu d'être me direz-vous. Mais quoi de mieux pendant un quart au milieu de l'océan que de profiter d'un ciel clair et d'un horizon net pour faire perdurer un savoir-faire traditionnel en passant le temps.
D'un autre côté, l'officier de quart est toujours tenu de vérifier la variation du compas pendant son quart. En pleine mer, les seuls points remarquables auxquels il peut se référencer sont les astres. A partir des éphémérides, avec l'heure précise du relèvement au compas et de la position du navire à l'heure de la mesure, on peut calculer le relèvement vrai de l'astre concerné à l'heure de la mesure et en déduire la variation du compas.
C'est donc dans cette mesure du temps qu'intervient pour ma part le chronographe. Lancé à une heure connue, à partir du chronomètre (ou du GPS), il sera arrêté au moment où le relèvement sera jugé bon et l'heure de la mesure pourra en être déduite.
Autrefois, sur le même principe, l'officier de quart comptait les secondes dans sa tête avec le risque d'être dérangé ou distrait en cours de route et de perdre le fil.
Si les montres numériques, même les plus basiques, offrent la fonction chrono de série, ma G-Shock s'est un jour arrêtée et j'ai eu envie de repasser aux aiguilles. Une Swatch ne craignant pas grand chose l'a donc remplacée.
Un petit chronomètre mécanique m'a aussi accompagné à bord :
(C'est bien parce qu'il est mécanique que je vous le montre...)
Mais je l'ai rapidement laissé à la maison. Il me valait trop de questions au passage des contrôles dans les aéroports...
Bref, après cette introduction un peu longue, venons-en au sujet.
Mon arrivée parmi vous m'a fait découvrir un chronographe Agat au détour d'un lot de montres HS. Un chrono fort sympathique qui m'a séduit et m'a poussé à d'autres recherches.
Et me voilà à vous présenter ce chrono 30 secondes de la 2ème Usine de Montres de Moscou (qui deviendra Slava) à rattrapante :
Dans son sympathique écrin de bois verni garni de velours :
L'outil permettant de dévisser le fond :
Son fascicule :
Et comme tout bon instrument de mesure, son certificat GOST :
Mon premier "full set" !
A la découverte, l'objet est relativement imposant avec ses 65mm de diamètres et ses 20mm d'épaisseur.
La prise en main n'en est pourtant pas déroutante.
Le cadran, simple, épuré, le juste nécessaire de ce dont pourquoi l'instrument est fait. Sobre et efficace.
Une échelle extérieure graduée au 1/10 pour les secondes.
Le diamètre imposant du chrono associé à la typo choisie donne un résultat assez aéré et apporte une certaine finesse à l'ensemble.
Un compteur central pour le compte des minutes.
Avant d'avancer dans la description, attardons-nous sur la fonction "rattrapante".
Ce type de chrono est équipé de deux "trotteuses" alignées. Lancées, les deux aiguilles tournent ensemble, synchronisées. Au besoin d'une mesure intermédiaire, une action sur le poussoir dédié arrête l'aiguille esclave permettant une lecture précise.
Lecture faite, une seconde action sur le même poussoir ramène cette aiguille sur l'aiguille maître qui a continué de tourner. Elle la rattrape.
Revenons aux aiguilles.
L'aiguille du compteur des minutes, cachées sous les trotteuses, se démarque par des épaules élargies avant de finir en fine pointe.
Les trotteuses sont quant à elles très élancées et leur contrepoids se terminant en goutte d'eau leur confère un bel équilibre visuel. A remarquer que si elles sont au dessus de celle des minutes, elles s'inclinent vers le cadran une fois le compteur central passé. J'imagine que c'est dans un but de précision de lecture en réduisant les erreurs de parallaxe.
Les aiguilles principales colorées d'un bleu brillant discret et la trotteuse esclave vêtue de son rouge égayent discrètement l'ensemble.
Sur la partie supérieure, deux boutons poussoirs encadrent la couronne. Le poussoir de gauche est dédié à la rattrapante, celui de droite à la remise à zéro du chrono.
Au centre, la couronne (diam. 11mm) servant à la fois au remontage du mécanisme et la mise en route/arrêt du chrono ne se contente pas d'être cylindrique. Sa forme ogivale du plus bel effet en fait un détail soigné. 11mm).
La manipulation des poussoirs sans être virile, reste franche.
La face cachée est encore recouverte de sa peinture de protection. D'après ce que j'ai lu, elle servirait à protéger le chromage du fond de l'agression de la sueur du porteur et aurait été déclinée en plusieurs coloris (bleu, noir, jaune, incolore ou rouge). Lors de ma courte recherche, quand ce revêtement est encore présent (il est apparemment assez fragile), j'ai essentiellement vu du bleu.
Comme indiqué précédemment, le fond est vissé. Deux encoches diamétralement opposées permettent de l'ouvrir avec l'outil.
L'intérieur du fond, s'il est ici bouchonné, peut être aussi être brut (sur les modèles plus récents ?)
Arrive enfin le coeur de la bête, Le mouvement.
Le calibre Slava 5498 à 20 rubis oscille à 36000 alternances par heure, permettant des mesures au 1/10éme de seconde.
Le balancier à vis.
La présence de la raquette me laisse à penser que ces vis sont plus là dans un souci d'équilibrage plutôt que pour un ajustement de la fréquence. Ces balanciers seront d'ailleurs remplacés par des modèles lisses à partir de 1973.
Le mécanisme de la rattrapante avec sa roue à colonne.
Si ce chronographe a été produit pendant une bonne trentaine d'années (de la toute fin des 50's jusqu'au tout début des 90's), il n'a pas subi de grands changements.
Au niveau de la mécanique, hormis le balancier dont nous avons déjà parlé, l'unique autre évolution aurait eu lieu en 1969 et concernerait le pont du chronographe. Sa "corne" est allongée et une troisième vis de fixation apparaît.
Crédit internet
Les mouvements sont tous gravés du logo "2M", du "20 камней" et du numéro de série. Ce dernier s'incrémente chronologiquement avec la production, et passe de 6 à 7 chiffres en 1973.
En plus de ces gravures, on peut aussi retrouver la date de production du mouvement, la référence du calibre (sur les modèles plus récents), ou encore le "SU" sur les modèles sans doute voués à l'export.
Le modèle présenté est donc du premier trimestre 1967.
Exemplaire de 1990 Crédit Internet
Côté face, les changements concernent essentiellement le logo.
Les plus anciens chrono sont estampillés "час2з-д москва". Ce marquage disparaît au début des 60's au profit des logos "2M" et "Слава". Le "SLAVA" ne semble apparaître qu'à la fin des 80's, pour l'export.
L'autre nuance du cadran concerne l'échelle des secondes. Si les multiples de 5 sont très souvent en caractères gras, ils peuvent plus rarement être de la même typo que les autres chiffres de l'échelle.
Crédit Internet
Il existe une version comptant sur 60 secondes.
Crédit Internet
L'échelle extérieure à "100" ne doit pas être confondue avec le chrono encore plus rare au 1/100, qui lui n'a pas de rattrapante
Crédit Internet (NHT)
Le chrono 30 secondes a quant à lieu été décliné en version "maritime". Il se différencie au niveau des poussoirs, du plexi qui devient plat, et du fond en deux parties comme sur une Amphibian. (Voir ici)
Pour revenir sur l'écrin, le modèle en bois vernis est très sympa. On peut aussi trouver des boites en polystyrène ou cartonnées.
Je ne pense pas que je m'en servirai comme je peux le faire avec mes autres chrono, mais c'est un bel objet que je ne ma lasse pas de regarder et de faire tourner et d'écouter.
Conquis par ce petit morceau qui participa à la conquête spatiale soviétique ? L'offre est généreuse et en cherchant un minimum on peut faire une bonne affaire.
Sources :
- Un article dont je me suis largement inspiré.
- Un article sur la fonction rattrapante.
En préambule, ma relation avec les chronographes est directement liée à mon métier et plus particulièrement aux observations astronomiques (je rappelle que je suis marin).
A l'heure du positionnement par satellites et de la navigation électronique, sortir le sextant de son coffret poussiéreux n'a plus trop lieu d'être me direz-vous. Mais quoi de mieux pendant un quart au milieu de l'océan que de profiter d'un ciel clair et d'un horizon net pour faire perdurer un savoir-faire traditionnel en passant le temps.
D'un autre côté, l'officier de quart est toujours tenu de vérifier la variation du compas pendant son quart. En pleine mer, les seuls points remarquables auxquels il peut se référencer sont les astres. A partir des éphémérides, avec l'heure précise du relèvement au compas et de la position du navire à l'heure de la mesure, on peut calculer le relèvement vrai de l'astre concerné à l'heure de la mesure et en déduire la variation du compas.
C'est donc dans cette mesure du temps qu'intervient pour ma part le chronographe. Lancé à une heure connue, à partir du chronomètre (ou du GPS), il sera arrêté au moment où le relèvement sera jugé bon et l'heure de la mesure pourra en être déduite.
Autrefois, sur le même principe, l'officier de quart comptait les secondes dans sa tête avec le risque d'être dérangé ou distrait en cours de route et de perdre le fil.
Si les montres numériques, même les plus basiques, offrent la fonction chrono de série, ma G-Shock s'est un jour arrêtée et j'ai eu envie de repasser aux aiguilles. Une Swatch ne craignant pas grand chose l'a donc remplacée.
Un petit chronomètre mécanique m'a aussi accompagné à bord :
(C'est bien parce qu'il est mécanique que je vous le montre...)
Mais je l'ai rapidement laissé à la maison. Il me valait trop de questions au passage des contrôles dans les aéroports...
Bref, après cette introduction un peu longue, venons-en au sujet.
Mon arrivée parmi vous m'a fait découvrir un chronographe Agat au détour d'un lot de montres HS. Un chrono fort sympathique qui m'a séduit et m'a poussé à d'autres recherches.
Et me voilà à vous présenter ce chrono 30 secondes de la 2ème Usine de Montres de Moscou (qui deviendra Slava) à rattrapante :
Dans son sympathique écrin de bois verni garni de velours :
L'outil permettant de dévisser le fond :
Son fascicule :
Et comme tout bon instrument de mesure, son certificat GOST :
Mon premier "full set" !
A la découverte, l'objet est relativement imposant avec ses 65mm de diamètres et ses 20mm d'épaisseur.
La prise en main n'en est pourtant pas déroutante.
Le cadran, simple, épuré, le juste nécessaire de ce dont pourquoi l'instrument est fait. Sobre et efficace.
Une échelle extérieure graduée au 1/10 pour les secondes.
Le diamètre imposant du chrono associé à la typo choisie donne un résultat assez aéré et apporte une certaine finesse à l'ensemble.
Un compteur central pour le compte des minutes.
Avant d'avancer dans la description, attardons-nous sur la fonction "rattrapante".
Ce type de chrono est équipé de deux "trotteuses" alignées. Lancées, les deux aiguilles tournent ensemble, synchronisées. Au besoin d'une mesure intermédiaire, une action sur le poussoir dédié arrête l'aiguille esclave permettant une lecture précise.
Lecture faite, une seconde action sur le même poussoir ramène cette aiguille sur l'aiguille maître qui a continué de tourner. Elle la rattrape.
Revenons aux aiguilles.
L'aiguille du compteur des minutes, cachées sous les trotteuses, se démarque par des épaules élargies avant de finir en fine pointe.
Les trotteuses sont quant à elles très élancées et leur contrepoids se terminant en goutte d'eau leur confère un bel équilibre visuel. A remarquer que si elles sont au dessus de celle des minutes, elles s'inclinent vers le cadran une fois le compteur central passé. J'imagine que c'est dans un but de précision de lecture en réduisant les erreurs de parallaxe.
Les aiguilles principales colorées d'un bleu brillant discret et la trotteuse esclave vêtue de son rouge égayent discrètement l'ensemble.
Sur la partie supérieure, deux boutons poussoirs encadrent la couronne. Le poussoir de gauche est dédié à la rattrapante, celui de droite à la remise à zéro du chrono.
Au centre, la couronne (diam. 11mm) servant à la fois au remontage du mécanisme et la mise en route/arrêt du chrono ne se contente pas d'être cylindrique. Sa forme ogivale du plus bel effet en fait un détail soigné. 11mm).
La manipulation des poussoirs sans être virile, reste franche.
La face cachée est encore recouverte de sa peinture de protection. D'après ce que j'ai lu, elle servirait à protéger le chromage du fond de l'agression de la sueur du porteur et aurait été déclinée en plusieurs coloris (bleu, noir, jaune, incolore ou rouge). Lors de ma courte recherche, quand ce revêtement est encore présent (il est apparemment assez fragile), j'ai essentiellement vu du bleu.
Comme indiqué précédemment, le fond est vissé. Deux encoches diamétralement opposées permettent de l'ouvrir avec l'outil.
L'intérieur du fond, s'il est ici bouchonné, peut être aussi être brut (sur les modèles plus récents ?)
Arrive enfin le coeur de la bête, Le mouvement.
Le calibre Slava 5498 à 20 rubis oscille à 36000 alternances par heure, permettant des mesures au 1/10éme de seconde.
Le balancier à vis.
La présence de la raquette me laisse à penser que ces vis sont plus là dans un souci d'équilibrage plutôt que pour un ajustement de la fréquence. Ces balanciers seront d'ailleurs remplacés par des modèles lisses à partir de 1973.
Le mécanisme de la rattrapante avec sa roue à colonne.
Si ce chronographe a été produit pendant une bonne trentaine d'années (de la toute fin des 50's jusqu'au tout début des 90's), il n'a pas subi de grands changements.
Au niveau de la mécanique, hormis le balancier dont nous avons déjà parlé, l'unique autre évolution aurait eu lieu en 1969 et concernerait le pont du chronographe. Sa "corne" est allongée et une troisième vis de fixation apparaît.
Crédit internet
Les mouvements sont tous gravés du logo "2M", du "20 камней" et du numéro de série. Ce dernier s'incrémente chronologiquement avec la production, et passe de 6 à 7 chiffres en 1973.
En plus de ces gravures, on peut aussi retrouver la date de production du mouvement, la référence du calibre (sur les modèles plus récents), ou encore le "SU" sur les modèles sans doute voués à l'export.
Le modèle présenté est donc du premier trimestre 1967.
Exemplaire de 1990 Crédit Internet
Côté face, les changements concernent essentiellement le logo.
Les plus anciens chrono sont estampillés "час2з-д москва". Ce marquage disparaît au début des 60's au profit des logos "2M" et "Слава". Le "SLAVA" ne semble apparaître qu'à la fin des 80's, pour l'export.
L'autre nuance du cadran concerne l'échelle des secondes. Si les multiples de 5 sont très souvent en caractères gras, ils peuvent plus rarement être de la même typo que les autres chiffres de l'échelle.
Crédit Internet
Il existe une version comptant sur 60 secondes.
Crédit Internet
L'échelle extérieure à "100" ne doit pas être confondue avec le chrono encore plus rare au 1/100, qui lui n'a pas de rattrapante
Crédit Internet (NHT)
Le chrono 30 secondes a quant à lieu été décliné en version "maritime". Il se différencie au niveau des poussoirs, du plexi qui devient plat, et du fond en deux parties comme sur une Amphibian. (Voir ici)
Pour revenir sur l'écrin, le modèle en bois vernis est très sympa. On peut aussi trouver des boites en polystyrène ou cartonnées.
Je ne pense pas que je m'en servirai comme je peux le faire avec mes autres chrono, mais c'est un bel objet que je ne ma lasse pas de regarder et de faire tourner et d'écouter.
Conquis par ce petit morceau qui participa à la conquête spatiale soviétique ? L'offre est généreuse et en cherchant un minimum on peut faire une bonne affaire.
Sources :
- Un article dont je me suis largement inspiré.
- Un article sur la fonction rattrapante.
marouse- Membre du Parti
- Messages : 671
Date d'inscription : 21/09/2019
Age : 44
nikomikomike aime ce message
Hanoi- Expert
- Messages : 3635
Date d'inscription : 20/03/2015
Age : 61
Localisation : Bruxelles
Re: Chronographe Slava à rattrapante
Merci Hanoï
Et merci aussi pour les précisions sur le détail historique.
Et merci aussi pour les précisions sur le détail historique.
marouse- Membre du Parti
- Messages : 671
Date d'inscription : 21/09/2019
Age : 44
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