Réveil Elektronika 2 et petite histoire de la Fabrique "Angstrem"

Avec ce réveil Elektronika 2 de la Fabrique "Angstrem", je complète ma collection dans un de ses critères: avoir au moins un pièce de chaque fabrique horlogère soviétique. Elektronika 2 était la marque pour tous les produits de la Fabrique, ce modèle ci est le 2-11A

Voici l'objet: NOS set avec son emballage, son petit étui en skai, sa garantie du 10 octobre 1990, et son mode d'emploi

Angstrem (Ангстрем) a été fondée le 25 juin 1963 sous le nom de NII-336 (Institut de Recherchee-336). dans une ville nouvelle proche de Moscou, consacrée à l'électronique et protégée par le secret militaire : Zelenograd. Le premier directeur du NII était Vladimir Sergueev (de 1963 à 1977). Je vous avais déjà parlé de cette ville dans mon post sur la Fabrique "Pulsar" (voir ici)
Le NII a ensuite été réorganisé en Institut de recherche en technologies de pointe (NIITT, russe: НИИ Точной Технологии, NII Tochnoy Tekhnologii, NIITT) d'une part, et dans la fabrique «Angstrem» d'autre part, le tout faisant partie de l’Association de la production scientifique «Science Center».

Les premiers circuits intégrés soviétiques comportant plusieurs dizaines de transistors ont vu le jour au milieu des années 60 et, au milieu des années 70, des microprocesseurs et des puces complexes ont été produits. Le nombre de transistors qu'ils contenaient était déjà mesuré en milliers. En 1974, les premiers micro-ordinateurs basés sur des microprocesseurs universels ont été développés. Angstrem était, avec Mikron (Moscou, Zelenograd) et "Integral" (Biélorussie, Minsk), le principal fabricant de circuits intégrés en Union soviétique.

Ci-dessous; les créateurs du centre de microélectronique de Zelenograd, à l'entrée de l'institut de recherche et de la Fabrique "Angstrem". De gauche à droite: L. S. Garba (directeur de la Fabrique Elma de l'Institut de recherche MV), B. V. Tarabrine (directeur de la Banque centrale de l'Institut de gestion des relations internationales), K. A. Valiev (directeur de l'Institut de recherche en économie), A. Yu. Malinin (directeur de l'Institut de recherche MV), V. F. Lukine (directeur du Centre scientifique), D.I. Yuditsky (directeur du Centre d’information scientifique), A.K. Katman (ingénieur en chef du NITT), V. V. Savine (directeur de l’Institut de la recherche scientifique de TM), G. V. Bechine (directeur de la Fabrique "Angstrem") et V. S. Serguéev (directeur du NITT).


Un circuit intégré Тропа (tropa, "chemin") de 1965 de la Fabrique Angstrem.

C'est dans le « Science Center » de Zelenograd qu'a été mis au point au début des années '70 la famille de microprocesseurs 16bits de type Elektronika 1801. En mai 1981, le NIITT conçoit, sur la base du K1801-1, l'ordinateur Nts-8010 (16 bits). Il s’agissait du premier prototype d’un ordinateur personnel au monde, construit entièrement avec des composants produits dans le pays. Le premier PC d'IBM est sorti deux mois plus tard, en août de la même année...  
En 1981, Angstrem obtint pour ses succès l'ordre de la révolution d'Octobre.

Une visite à Zelenograd...

L'Elektronika 2 BK-0010-01 de la fabrique "Angrstrem", premier PC véritablement grand public en URSS.


En 1993, NIITT et la fabrique Angstrem ont fusionnés dans la société "Angstrem" et ont été privatisés. Après plusieurs changement d'actionnariat, la société OAO "Angstrem" a pour principal actionnaire le holding public JSC "Russian Electronics".

Un visite au musée de la fabrique: voir ici
Source sur l'URSS comme pionnière de la micro informatique: https://super-geek-news.github.io/articles/413733/index.html
Source sur l'usine: https://www.angstrem.ru/ru/history

Belle présentation.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le passage

En mai 1981, le NIITT conçoit, sur la base du K1801-1, l'ordinateur Nts-8010 (16 bits). Il s’agissait du premier prototype d’un ordinateur personnel au monde, construit entièrement avec des composants produits dans le pays. Le premier PC d'IBM est sorti deux mois plus tard, en août de la même année...

En effet, par ex. le Micral date de 1972, l'Altair 8800 a été lancé en 1975 (mais en kit), et l'Apple ][ est sorti en juin 1977.

J'ai juste traduit des trucs de sites récents qui semblaient se recouper là-dessus.

Voici par exemple un passage de la source que j'avais mise au bas de l'article:
"Les premiers circuits intégrés soviétiques dotés de plusieurs dizaines de transistors ont vu le jour au milieu des années 60. Au milieu des années 70, des microprocesseurs et des puces complexes ont été produits. Le nombre de transistors qu’ils contiennent était déjà mesuré en milliers. En 1974, les premiers micro-ordinateurs basés sur des microprocesseurs universels ont été développés. Les processeurs sectionnels des séries K532 et K536 (apparus la même année) ont permis de fabriquer des machines d’une capacité allant de 16 à 32 bits. Il y avait donc des micro-ordinateurs 16 bits. En 1977, un processeur analogique analogique 8080 est sorti - un processeur K580IK80 à 8 bits. Il est ensuite devenu la base de la création de plusieurs modèles de PC et de micro-ordinateurs. Deux ans plus tard, le premier micro-ordinateur 16 bits au monde, le K1801E1, était mis au point. Sur la base du K1801BE1 de 1981, le K1801BM (microprocesseur à une puce 16 bits) a été créé, dont le système de commande était similaire au système de commande du mini-ordinateur PDP-11."

Visiblement, il y a des nuances importantes entre "premier micro-ordinateur", "premier micro-ordinateur 16 bits", et "premier PC" (et peut-être encore d'autres catégories...).
Mais je n'ai pas été chercher plus loin: tu peux peut-être nous éclairer.

On déborde du sujet, mais tout dépend de ce que tu appelles "ordinateur personnel".
Pour beaucoup de gens, c'est un compatible PC.
En réalité, la notion recouvre, à l'origine (donc à l'époque) tout ce qui n'est pas "main-frame", gros systèmes, mini-ordinateurs avec terminaux de consultation... En gros, un ordinateur qui se suffit à lui-même et qui, grosse révolution, est capable d'accepter des programmes (on ne parlait pas encore d'applications) pour effectuer toute une variété de tâches différentes. Ordinateur personnel est équivalent à micro-ordinateur, à quelques nuances.
À ce titre, un Commodore, un Amiga, sont des ordinateurs personnels. L'Apple ][ a dû une partie de son immense succès (et de celui de ses clones) en milieu professionnel non seulement à son architecture ouverte (on pouvait lui ajouter des cartes filles pour une variété incroyable de fonctions supplémentaires), mais aussi au fait qu'ait été développé pour lui en en exclusivité pendant longtemps un programme de gestion de tableaux et feuilles de calculs, nommé VisiCalc, dont "s'inspira" largement (en horlogerie, on dirait que c'est un hommage   ) Multiplan, l'ancêtre d'Excel.
La vraie nuance dans ta source porte sur le fait qu'on parle d'ordinateur 16 bits. Ça a été une évolution vers plus de mémoire, plus de calculs... et un pas vers le 64 bits utilisé aujourd'hui. Donc oui, à cet égard, même si la technologie n'est pas nouvelle, un ordinateur personnel en 16 bits représentait un vrai progrès.
Rappelons-nous qu'il a été évalué que tous les ordinateurs utilisés par la NASA pour les missions lunaires avaient moins de puissance de calcul qu'un simple processeur 80386 (premier processeur 32 bits sorti en 1986 et produit jusqu'en 2007) !
De même, le Mac "Cube" sorti en 2000 a été interdit d'exportation dans des pays sensibles, puisqu'il offrait dans un cube de 20 cm de côté la puissance de calcul d'un super-ordinateur de l'époque. Puis il a été remarqué qu'une simple console de jeu suffisait à guider un missile de croisière...
À l'époque, il ne s'agit donc pas de permettre à des ados attardés de jouer à Wolfenstein dans la cave de leurs parents, mais bien de résoudre des questions stratégiques. Et les soviétiques ne jouaient pas vraiment loin derrière les états-uniens comme on veut parfois nous le laisser entendre.

Au passage, j'aime bien la disposition du clavier du BK-0010-01...

Oui, technologiquement, ils semblaient bien dans la course (parfois juste devant, parfois juste derrière), c'est dans la conversion des produits technologiques en produits "grands public" qu'il y avait un décalage systématique.
En lisant les trucs sur les PC soviétiques, j'ai vu étaient destinés soit à des usages professionnels (gestion de magasin), soit à des usages pédagogiques.
Du coup, confronté au phénomène Apple, ils ont produit un clone vitef.

Autre exemple, lors de l'engouement des gameboy, l'URSS a suivi:

Elle a suivi de peu parce que technologiquement et industriellement tout était là, mais elle a suivi parce que l'idée de faire un tel produit ne les avait pas effleuré.

... sauf pour Tetris, où l'État a fait une bonne affaire en revendant le jeu développé... sur un Elektronika 60 !

Horsault a écrit:Au passage, j'aime bien la disposition du clavier du BK-0010-01...

Moi aussi. Il semble incroyablement moderne---suffit de mettre des touches plates ou en plastique translucide rétroéclairées et ça fait un malheur !

Pour la deuxième photographie, je nuancerais en disant qu'il ne s'agissait pas de cloner la Gameboy, qui n'existait pas !
Des petits jeux électroniques plats de cette facture, j'en ai eu deux ou trois ramenés du Japon par un ami de mes parents, c'était vers 1982, ou 1983. En France, deux ou trois ans plus tard, ces jeux faisaient fureur dans les cours de récré, mais il n'était pas question comme la Gameboy d'y insérer des cartouches. C'étaient de simples jeux avec écran LCD à cristaux liquides noirs non rétro éclairés évidemment. J'ai le souvenir de ceux qui étaient prestigieux car ils s'ouvraient en deux (type Donkey Kong, mais j'y connais rien), et le souvenir aussi de parties acharnées contre ma mère dans un jeu où on déplaçait bêtement un pêcheur quand un poisson apparaissait ... Mais j'ai perdu mes vieux machins au fil des déménénaments ...