La distribution des montres soviétiques en France
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La distribution des montres soviétiques en France
Je ne parlerai pas ici :
- De la société SLAVA SA dont nous avons parlé ici
- Des sociétés emboîtant des mécanismes soviétiques dans leurs propres montres ou celles faisant faire en URSS des montres frappées à leur marque; ces sociétés sont reprises ici
Bref, je ne parle ici que des sociétés françaises qui ont distribué des montres soviétiques (et leurs pièces détachées) s’affichant comme telles, qu'elles viennent d'URSS ou de Slava Besançon.
Cet article est très certainement incomplet: il a aussi valeur d'appel à témoin!
1° EFA
La société EFA est créée en 1988 par Marc Augier, et elle avait son siège 7 rue Paradis, 75010 Paris. C’était un des deux concepteurs des montres de la marque Camel Trophy.
L’histoire des montres Camel Trophy a commencé en 1986, mais que ce n'est qu'en 1988/9 que les premiers modèles sont arrivés sur le marché. La responsabilité de la conception et de la fabrication de ces modèles est attribuée à la société Sector (Italie) et à EFA (France). Sector, fondé en 1973, était spécialisé en montres sportive (la société est encore active). Bien que les montres n’étaient qu'un moyen pour la RJ Reynolds Tobacco Company de vendre des cigarettes, elles ont réussi à gagner de grandes parts de marché (6e marque la plus vendue en Espagne en 1994). En 1993, le géant suisse Mondaine acquiert toutes les licences de la marque "Camel Trophy Adventure Watches".
1990, une pub pour les montres Camel avec, en générique de fin, la mention de la société EFA comme distributeur.
A la fin des années ‘80, EFA distribue en France des montres soviétiques. Le packaging est très proche du packaging que produisaient les importateurs italiens. Soviet-FMR a témoigné que des montres soviétiques distribuées par EFA était notamment disponible chez plusieurs horlogers toulousains. Il a ainsi acheté en décembre 1990 une Slava au prix d'une Swatch (345 Fr).
Voici la Raketa achetée par fhp92: il s'agit clairement d'une Raketa fabriquée par Slava SA à Besançon
En 1989, deux pages du Nouvel Observateur parlent des montres soviétiques et mentionne la société EFA comme leur distributeur.
L’article du Nouvel Observateur décrit clairement la Big Zero (avec un bracelet marqué CCCP) de fhp.
Nous savons que le modèle de ces bracelets est italiens.
On le voit ci-dessous habillant une Big Zero vendue en Italie venant non pas de Besançon mais directement de chez Raketa à Petrodvorets.
EFA s’est-il inspiré des italiens ? S’est-il procuré ses bracelets en Italie ?
Cela reste à éclaircir.
La garantie est en français, russe et anglais. Le nom de la marque est "Les montres soviétiques".
Le mécanisme marqué R2609 est typique des produits destinés à l’export.
Pour en revenir à EFA, en janvier 1997 , l'exploitation de la marque Jaz en France est cédée à EFA qui diversifie ainsi son offre horlogère. La marque était en sommeil depuis 15 ans, mais EFA propose l’années suivante une gamme de 280 modèles. En 1999, EFA commande la rédaction, la conception et la publication d’un beau livre, Jaz – Histoire d'une marque, à Karine Myotte de la société Cliomédi@ (Boulogne-Billancourt) dont une des activité est précisément le livre d’entreprise.
2. J.A.F.C.O.
Je ne sais de cette société que cette publicité trouvées dans le n°198 (4 décembre 1972) de Pif
Je n’ai encore jamais vu passer sur la baie ces montres « Sonia » ou « Niewa », mais ces intitulés ne sont peut-être que des noms de modèles, et pas des noms de marques – et qu’ainsi ils n’apparaissent peut-être pas sur le cadran. Les modèles ne semblent pas correspondre à des modèles soviétiques classiques, ce qui m’incite à penser qu’il s’agit de production de la SLAVA S.A.
3. Schwartzmann Frères
Faisant remonter son origine à un atelier d'horlogerie en 1860, la société est fondée en 1898 par l'horloger François Fridolin Schwartzmann (1850-1913). Issu d'une famille originaire d'Autriche (dans la région d'Innsbruck), ce dernier reprend avant 1908 la fabrique d'horlogerie Dodane-Vieille.
A la mort de François Fridolin est créée la société Schwartzmann Frères, réunissant ses enfants et dirigée par Jules, l’aîné. Deux autres frères en sortent pour fonder en 1919, leur propre affaire.
Jules Schwartzmann
Les Ets Schwartzmann acquièrent en 1933 la société du marchand d'outils et de fournitures pour l'horlogerie Ernest Wiedmayer. Ils élargissent alors leur activité au négoce de l'outillage et des fournitures pour les horlogers rhabilleurs et les bijoutiers, et abandonnent la fabrication des montres. Après le décès de Jules en 1940 sont créées deux sociétés : la Sarl Schwartzmann Frères, fondée les 6 et 9 janvier 1943, a pour objet "la vente ou l'achat de toutes les fournitures générales concernant l'horlogerie" et la Sarl Les Fils de Jules Schwartzmann, créée le 7 janvier 1944, "la fabrication et la vente de montres en tous genres". La première est tenue au début des années 1950 par les quatre garçons et exploite les marques Match, Favor et Wied (de Wiedmayer).
La société Schwartzmann Frères poursuit son développement. Un nouveau bâtiment est construit puis agrandi. L'entreprise distribue des fournitures et machines existantes mais, au besoin, en fait fabriquer (potence à ouvrir et fermer les boîtes de montre et poste de travail Rotanorm dans les années 1970, chronocomparateur H 100 et détecteur électronique H 412 au cours de la décennie suivante, etc.).
Tout le catalogue ici
En 1987, la société parisienne concurrente, Fisseau et Cochot (née en en 1812 sous la dénomination Venot Frères et Cie) dépose son bilan. Reprise par le suisse Golay-Buchel, elle est revendue en à Schwartzmann, entraînant une réorganisation : les filiales Schwartzmann Sarl et Fisseau-Cochot sont réunies en 1993 puis, en 2005, la nouvelle entité fusionne avec la maison mère pour donner naissance à Schwartzmann Fisseau-Cochot SAS qui existe encore aujourd’hui.
Sources
https://www.montres-russes.org/t364-en-1989-internet-n-existait-pas-mais-il-y-avait-le-nouvel-observateur
http://www.cameltrophyportugal.com/passatempos/relogios-camel-trophy
https://www.ina.fr/video/PUB3784065133
https://forums.watchuseek.com/f10/real-raketa-big-zero-750822-2.html
http://forumamontres.forumactif.com/t219459-quelques-calibres-et-montres-russes?highlight=russes
http://fr.1001mags.com/parution/pif/numero-198-4-dec-1972/page-50-51-texte-integral
http://patrimoine.bourgognefranchecomte.fr/connaitre-le-patrimoine/les-ressources-documentaires/acces-aux-dossiers-dinventaire/etude/99201199-49c4-4be0-b28d-888f32846182.html
https://gw.geneanet.org/gortlub?lang=fr&pz=guillaume&nz=pigasse&ocz=11&p=jules+eugene&n=schwartzmann
- De la société SLAVA SA dont nous avons parlé ici
- Des sociétés emboîtant des mécanismes soviétiques dans leurs propres montres ou celles faisant faire en URSS des montres frappées à leur marque; ces sociétés sont reprises ici
Bref, je ne parle ici que des sociétés françaises qui ont distribué des montres soviétiques (et leurs pièces détachées) s’affichant comme telles, qu'elles viennent d'URSS ou de Slava Besançon.
Cet article est très certainement incomplet: il a aussi valeur d'appel à témoin!
1° EFA
La société EFA est créée en 1988 par Marc Augier, et elle avait son siège 7 rue Paradis, 75010 Paris. C’était un des deux concepteurs des montres de la marque Camel Trophy.
L’histoire des montres Camel Trophy a commencé en 1986, mais que ce n'est qu'en 1988/9 que les premiers modèles sont arrivés sur le marché. La responsabilité de la conception et de la fabrication de ces modèles est attribuée à la société Sector (Italie) et à EFA (France). Sector, fondé en 1973, était spécialisé en montres sportive (la société est encore active). Bien que les montres n’étaient qu'un moyen pour la RJ Reynolds Tobacco Company de vendre des cigarettes, elles ont réussi à gagner de grandes parts de marché (6e marque la plus vendue en Espagne en 1994). En 1993, le géant suisse Mondaine acquiert toutes les licences de la marque "Camel Trophy Adventure Watches".
1990, une pub pour les montres Camel avec, en générique de fin, la mention de la société EFA comme distributeur.
A la fin des années ‘80, EFA distribue en France des montres soviétiques. Le packaging est très proche du packaging que produisaient les importateurs italiens. Soviet-FMR a témoigné que des montres soviétiques distribuées par EFA était notamment disponible chez plusieurs horlogers toulousains. Il a ainsi acheté en décembre 1990 une Slava au prix d'une Swatch (345 Fr).
Voici la Raketa achetée par fhp92: il s'agit clairement d'une Raketa fabriquée par Slava SA à Besançon
En 1989, deux pages du Nouvel Observateur parlent des montres soviétiques et mentionne la société EFA comme leur distributeur.
L’article du Nouvel Observateur décrit clairement la Big Zero (avec un bracelet marqué CCCP) de fhp.
Nous savons que le modèle de ces bracelets est italiens.
On le voit ci-dessous habillant une Big Zero vendue en Italie venant non pas de Besançon mais directement de chez Raketa à Petrodvorets.
EFA s’est-il inspiré des italiens ? S’est-il procuré ses bracelets en Italie ?
Cela reste à éclaircir.
La garantie est en français, russe et anglais. Le nom de la marque est "Les montres soviétiques".
Le mécanisme marqué R2609 est typique des produits destinés à l’export.
Pour en revenir à EFA, en janvier 1997 , l'exploitation de la marque Jaz en France est cédée à EFA qui diversifie ainsi son offre horlogère. La marque était en sommeil depuis 15 ans, mais EFA propose l’années suivante une gamme de 280 modèles. En 1999, EFA commande la rédaction, la conception et la publication d’un beau livre, Jaz – Histoire d'une marque, à Karine Myotte de la société Cliomédi@ (Boulogne-Billancourt) dont une des activité est précisément le livre d’entreprise.
2. J.A.F.C.O.
Je ne sais de cette société que cette publicité trouvées dans le n°198 (4 décembre 1972) de Pif
Je n’ai encore jamais vu passer sur la baie ces montres « Sonia » ou « Niewa », mais ces intitulés ne sont peut-être que des noms de modèles, et pas des noms de marques – et qu’ainsi ils n’apparaissent peut-être pas sur le cadran. Les modèles ne semblent pas correspondre à des modèles soviétiques classiques, ce qui m’incite à penser qu’il s’agit de production de la SLAVA S.A.
3. Schwartzmann Frères
Faisant remonter son origine à un atelier d'horlogerie en 1860, la société est fondée en 1898 par l'horloger François Fridolin Schwartzmann (1850-1913). Issu d'une famille originaire d'Autriche (dans la région d'Innsbruck), ce dernier reprend avant 1908 la fabrique d'horlogerie Dodane-Vieille.
A la mort de François Fridolin est créée la société Schwartzmann Frères, réunissant ses enfants et dirigée par Jules, l’aîné. Deux autres frères en sortent pour fonder en 1919, leur propre affaire.
Jules Schwartzmann
Les Ets Schwartzmann acquièrent en 1933 la société du marchand d'outils et de fournitures pour l'horlogerie Ernest Wiedmayer. Ils élargissent alors leur activité au négoce de l'outillage et des fournitures pour les horlogers rhabilleurs et les bijoutiers, et abandonnent la fabrication des montres. Après le décès de Jules en 1940 sont créées deux sociétés : la Sarl Schwartzmann Frères, fondée les 6 et 9 janvier 1943, a pour objet "la vente ou l'achat de toutes les fournitures générales concernant l'horlogerie" et la Sarl Les Fils de Jules Schwartzmann, créée le 7 janvier 1944, "la fabrication et la vente de montres en tous genres". La première est tenue au début des années 1950 par les quatre garçons et exploite les marques Match, Favor et Wied (de Wiedmayer).
La société Schwartzmann Frères poursuit son développement. Un nouveau bâtiment est construit puis agrandi. L'entreprise distribue des fournitures et machines existantes mais, au besoin, en fait fabriquer (potence à ouvrir et fermer les boîtes de montre et poste de travail Rotanorm dans les années 1970, chronocomparateur H 100 et détecteur électronique H 412 au cours de la décennie suivante, etc.).
Tout le catalogue ici
En 1987, la société parisienne concurrente, Fisseau et Cochot (née en en 1812 sous la dénomination Venot Frères et Cie) dépose son bilan. Reprise par le suisse Golay-Buchel, elle est revendue en à Schwartzmann, entraînant une réorganisation : les filiales Schwartzmann Sarl et Fisseau-Cochot sont réunies en 1993 puis, en 2005, la nouvelle entité fusionne avec la maison mère pour donner naissance à Schwartzmann Fisseau-Cochot SAS qui existe encore aujourd’hui.
Sources
https://www.montres-russes.org/t364-en-1989-internet-n-existait-pas-mais-il-y-avait-le-nouvel-observateur
http://www.cameltrophyportugal.com/passatempos/relogios-camel-trophy
https://www.ina.fr/video/PUB3784065133
https://forums.watchuseek.com/f10/real-raketa-big-zero-750822-2.html
http://forumamontres.forumactif.com/t219459-quelques-calibres-et-montres-russes?highlight=russes
http://fr.1001mags.com/parution/pif/numero-198-4-dec-1972/page-50-51-texte-integral
http://patrimoine.bourgognefranchecomte.fr/connaitre-le-patrimoine/les-ressources-documentaires/acces-aux-dossiers-dinventaire/etude/99201199-49c4-4be0-b28d-888f32846182.html
https://gw.geneanet.org/gortlub?lang=fr&pz=guillaume&nz=pigasse&ocz=11&p=jules+eugene&n=schwartzmann
Hanoi- Expert
- Messages : 3635
Date d'inscription : 20/03/2015
Age : 61
Localisation : Bruxelles
Chronotopos aime ce message
Re: La distribution des montres soviétiques en France
Toujours aussi intéressant hanoi
Et quel travail de recherche à chaque fois
Et quel travail de recherche à chaque fois
Timeseeker- Kamarade
- Messages : 74
Date d'inscription : 28/01/2020
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